A peine voté le CPE, le gouvernement s’attaque à un nouveau dossier qui concerne les jeunes. Les conditions d’obtention d’un visa étudiant seraient resserrées: l’immigration “choisie” serait réservée aux candidats désirant développer une “compétence rare", genre haut niveau scientifique (qui va juger de l’excellence des formations? le ministère de l’intérieur ou le ministère des affaires étrangères? en tous cas, visiblement pas le ministère de la recherche). Et puis les heureux élus, au terme d’un cursus court (3 ans–donc master ou thèse rapide, sciences molles s’abstenir), auront obligation de repartir dans le pays d’origine en fin de formation.
Passe encore qu’on tourne le dos à une vieille ambition d’accueillir les étudiants francophones: depuis longtemps les gaullistes appellent francophonie leur politique néo-coloniale, et on va nous faire le coup des élites locales qui doivent retourner faire profiter leurs pays d’origine de leur expertise. Mais l’idée d’accueillir des étudiants de haut niveau pour les renvoyer ensuite obligatoirement relève d’un obscurantisme particulièrement épais qui ignore qu’ils peuvent aller se former ailleurs, même s’ils sont francophones–au Canada, par exemple, bien plus accueillant. On va donc inviter des étrangers à bénéficier de la quasi-gratuité des études en France, donc leur faire payer leurs études par le contribuable français, pour renvoyer les post-docs dans leur pays d’origine quand ils deviendront productifs?
Evidemment on ne pourra pas dire qu’on fait comme les Américains! Eux aspirent sur leurs campus les meilleurs étudiants étrangers, les aident à payer des études qui coûtent cher par des bourses et la possibilité de gagner de l’argent (ce qu’on interdit de plus en plus strictement aux étudiants étrangers en France), et leur offrent des perspectives de carrière. Qui est le plus attractif? Qui va attirer les meilleurs? C’est clair: la politique d’immigration annoncée est faite pour les héritiers des classes dirigeantes des ex-colonies, qui pourront obtenir un de ces rares visas pour obtenir leurs diplômes français et repartir exploiter leurs populations avec des diplômes français dévalués.
Ca doit être ça le but de la manoeuvre.