Le cirque se répète, monotone... La 5ème république a le culte de l'affrontement politique, et donc quand la droite arrive au pouvoir, elle jette ce qu'a fait la gauche, et inversement. Raffarin a supprimé les emplois-jeunes, Hollande promet de supprimer le Contrat Première Embauche. Sans entrer dans les détails, y a-t-il un abîme entre la précarité au bout de cinq ans des emplois-jeunes, et la précarité pour deux ans du CPE? Et qu'est-ce qui existe actuellement? Des stages, quelquefois non rémunérés, pendant des années? Après les 5 ans d'emplois-jeunes, que sont devenus les jeunes sans formation, mais déjà bien âgés? Les jeunes, apparemment, ne sont pas convaincus que ce CPE est forcément une catastrophe par rapport aux galères qu'ils subissent actuellement.
Bref, ne faudrait-il pas réfléchir à tout l'environnement de cette entrée dans l'emploi? Comment l'encadrer? Comment assurer l'indemnisation, la poursuite de la formation en cas d'interruption du contrat? On fait par exemple remarquer que les banques vont se méfier des jeunes en contrat précaire: ça n'allait sûrement pas mieux avec les emplois-jeunes. Ne peut-on imaginer une structure de cautionnement sociale, ou mutuelle, pour que les jeunes qui entrent dans la vie active puissent obtenir des crédits?
Ce débat a le mérite d'être ouvert. Excellente occasion pour un large débat parlementaire, riche en amendements. Le problème mériterait une vraie cohabitation, obligeant à la construction d'un consensus, seul garant d'une stabilité réglementaire dont le pays n'a hélas pas l'habitude.
Au lieu de cela, une mesure pour, putain, deux ans. Comme par hasard, une durée qui fleure la manoeuvre politique. Pourquoi vouloir fermer le débat, en catimini, comme par ordonnance, comme on fait passer une augmentation de période de chasse un peu honteuse? certains syndicats et étudiants seraient peut-être prêts à discuter, être constructifs.
Mais on n'écoute les jeunes que lorsqu'ils brûlent des voitures. De Villepin va donc passer en force, vite, avant que syndicats et étudiants ne s'unissent dans la rue. N'est-ce pas justement le meilleur moyen pour que cela se produise? tout ça pour marquer un coup contre Sarko, dans une bataille interne à l'UMP? Encore une mesure mal ficelée, dispendieuse, semant la discorde et la rancoeur? et qui sera retirée sous pression de la rue, ou abolie par un renversement de majorité? et ensuite il y aura, encore, l'amertume des jeunes, pris une fois de plus en otages d'un pouvoir qui a toujours considéré la démocratie comme un luxe inutile...