03 février 2006

Il est interdit de rire

Des caricatures de Mahomet dans un journal danois sèment la fureur dans le monde musulman, déclenchant diverses manifestations violentes contre les occidentaux. Est-ce l'affaire Rushdie qui reprend? Et les autres religieux montent dans le train pour prendre la défense de Musulmans qu'ils estiment outragés et revendiquer le respect de toutes les religions.
La satire, une des traditions intellectuelles les plus vieilles du monde, doit-elle capituler devant les Tartuffes de toute soutane? Aristophane, Molière, Swift, revenez! Votre humour nous manque. Qu'est-ce qu'on lui préfère? Le politiquement correct a l'air de respecter tout le monde en étouffant l'expression sous le mol oreiller de la censure et de l'auto-censure, mais l'agressivité qui ne pourra pas trouver de dérivatif dans la vis comica ne va-t-elle pas ranimer les émeutes, les attentats et les guerres?

1 Comments:

hypo said...

La rue arabe, entraînée par les extrémistes dont c'est le fond de commerce, s'enflamme au nom du respect de l'islam qui devient le signe de ralliement de tous, qu'ils soient croyants ou non car où sont les mouvements laïques dans les pays arabes ? Dans les banlieues françaises (tu me traites ?) comme dans les pays arabes il y a une exigence éperdue de respect et de reconnaissance pour réparer les humiliations de Palestine, d'Irak et d'Afghanistan. Cela conduit au rejet en bloc des valeurs de l'occident. Ce qui passe avant tout c'est bien de proclamer son rattachement à la culture arabe (mettre le voile) plutôt que d'adhérer aux trouvailles de l'occident même si elles pourraient présenter quelques côtés bien commodes (l'égalité hommes-femmes).
De son côté l'opinion occidentale reste (personnellement je ne m'en plains pas) crispée sur ses valeurs de laïcité, philosophie des lumières, égalité hommes-femmes, liberté de la presse. En France on refuse de s'adapter et de céder un pouce à ces nouveaux français qui ne mangent pas de porc, on prend des mesure pour les cantonner dans des banlieues et pour que leurs enfants restent confinés dans des filières éducatives spécifiques (l'école publique), on fait semblant d'ignorer que certains collèges sont déserts le jour de l'Aïd. En Amérique un ethnocentrisme pathologique conduit à constater avec une incompréhension totale que non, les GI's ne sont pas accueillis avec reconnaissance par les Irakiens. Dans l'ensemble de l'Occident on découvre avec horreur que non, les iraniens ne sont pas ravis qu'on les considère comme pas assez civilisés pour développer une arme atomique dont les occidentaux peuvent disposer, eux qui sont si mesurés dans l'usage qu'ils font de la force (tu parles).
Donc on ne parle pas de la même chose et les caricatures de Mahomet ne sont qu'un prétexte dérisoire pour proclamer de part et d'autre des valeurs identitaires. On dit aux arabes : "et la liberté de la presse ?" ils nous répondent : "et le respect du prophète ?" et on ne parle ni de la presse ni de l'islam mais des valeurs qui fondent l'existence des deux communautés.
C'est une sorte de virus instillé par les De Villiers et les intégristes islamistes qui se développe dans la société sans qu'ils aient quoi que ce soit à faire.
Dans notre beau pays un seul espoir dans tout cela et pour moi c'est bien un signe positif : la solidarité des rabbins et des évêques avec la réaction des musulmans qui remet le conflit dans une grille religion/athéisme et donc l'éloigne de la "guerre des civilisations". Mais tant que l'expression de l'opinion arabe (en France) passera par la bouche du recteur de la mosquée de Paris, tant que les occidentaux seront incapables de la moindre empathie vis-à-vis du monde arabe, on n'ira pas bien loin.

3:37 PM  

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